Préparation
des vélos : Il faut penser au matériel de rechange, aux outils légers mais
résistants permettant toutes réparations, à la préparation
des vélos démontés qui ne doivent prendre aucun choc ou
effort amenant une déformation nuisible. Je choisis des pneus genre vélo
tout chemin très résistants de fabrication allemande. Même
les housses de transport sont étudiées avec 4 petites roulettes
(2 fixes + 2 pivotantes), pour nous simplifier le transport. Mais pendant tout
ce temps on rêve, et que c'est bon !!
Adaptation
à l'altitude : Avec
une pose à Kathmandou de 3 jours et une semaine au Tibet avec visite
de Yumbulagang petit château sur un piton, Samié de l'autre coté
du Brahmapoutre en couchant à l'hôtel de Tsétang dont la
particularité est son avenue en béton épaisseur 25-30 cm.
permettant le passage des chars d'assaut. Il faut avouer que c'est le passage obligé des chinois(en vacances ou
séminaires d'entreprises ??)pour aller à Lhassa (Tsétang
Lhassa = 170 km de bitume d'une qualité supérieure voir nos autoroutes
quand elles sont neuves). Nous en profitons pour visiter tout ce qui est intéressant
sur Lhassa. Moins d'une heure après notre arrivée à l'aéroport
de Gongkar, une altercation entre la police ( en fait des militaires chinois)
et notre guide tibétain nous met dans le bain. Je n'en parlerai plus,
mais à partir de ce moment nous avons fait très très attention
à nos paroles et à nos gestes. Donc je disais une semaine à
3500 m. pour parfaire notre capital globule rouge.
Le grand
jour: Le
jour précédent dans la chambre, montage des 2 vélos et
petite balade dans Lhassa pour les tester. Les Tibétains sont habitués au VTT chinois et sont surpris par
nos tous petits vélos nickelés(Merci Top Bike de Viroflay de nous
avoir procuré de si bons "Sun" à bon prix). Le grand jour : départ du Potala ( pendant que nous faisons des photos,
on nous vole le camping gaz dans le camion). Il fait beau,
nous roulons sur "l'autoroute" et à midi nous nous arrêtons
pour manger sous des saules au bord de l'eau. L'après-midi s'annonce
bien mais premier petit problème un orage s'abat sur nous et bien entendu
nous avons laissé les petits sacs à dos dans le camion qui est
loin devant. Donc nous sommes trempés mais les 20 km restant avant de
retrouver le camion nous ont séchés. Traversée
du pont sur le Tsampo (il doit faire 1 km) et 10 km après nous nous arrêtons
pour notre premier campement au bord du Tsampo sous les saules. Notre équipe
se bagarre avec les 2 tentes mais ils ont le dessus. Promenade sur les bords
sablonneux du Tsampo. Nous croisons un petit troupeau de chèvres dont
le berger n'a pas de chien pour garder son troupeau mais seulement une corde
tressée grosse comme le petit doigt, la partie centrale s'élargit
et doit faire 4 cm. C'est en fin de compte un fouet qui fait fronde. Il commence
toujours par le faire claquer et si les bêtes ne reviennent pas, il leur
envoie des cailloux.
Col du
Kyoga la, Bord du lac Yamdrok ( La larme de Tara ): Départ de bon
matin, environ 5 km de plat et commence la montée. Ah !! j'oubliais,
hier après-midi à la sortie du pont nous sommes partis sur la
droite," l'autoroute" allait sur la gauche donc fini le macadam fait
pour "les soit-disant sauveurs du peuple Tibétain". Nous sommes
sur une route en terre battue vraiment roulante. Ce n'est pas une montée
calme, nous avons découvert le système de voyage en 4x4 Lhassa
Kathmandu vers 10/11h. Une vingtaine de 4x4 nous ont doublés dans un
nuage de poussière. Eh !! il faut qu'ils soient le soir à Gyangsé.
Par contre nous avons de bons moments. Un couple de parisiens que nous avons
rencontrés à Tsétang au grand hôtel s'arrête,
un petit car plein de jeunes italiens qui avait traversé le Tsampo sur
la même barge pour aller voir Samié nous font des "viva francia".
Après un repas léger nous partons à la conquête du
col. Ce n'est plus des poumons que j'ai mais une véritable soufflerie, les
derniers km. sont durs, pour Françoise c'est plus facile... car elle
est plus légère ! Quelle récompense au col, la vue sur
le lac est splendide, l'air est tellement pur que nous apercevons la chaîne
de l'Himalaya qui se trouve à 200 km . Premier dépannage, un couple
de jeunes chinois en voyage de noce sont au col sans moyen de transport, ils
doivent prendre l'avion le lendemain, personne ne s'arrête. Nous nous
mettons en travers de la route, Françoise le Guide et moi pour stopper
un camion et les voilà sauvés. Nous faisons notre première
descente vertigineuse et enivrante dans ce paysage grandiose .... en faisant
attention à ne pas se laisser griser, car il y a des épingles à cheveux pleines de gros cailloux et
il faut maîtriser. Nous longeons le lac pendant 4-5 km et plantons nos
tentes. Dans la nuit nous sommes réveillés, il doit être
minuit. Des jeunes gens s'amusent dans l'eau et effectivement le lendemain matin
en allant dans cette direction, je découvre un toboggan naturel en glaise.
Il devait avoir les fesses propres après! Mais qu'est-ce qu'ils riaient
!!!
Bord
du lac Yamdrok, Langla : Aujourd'hui ce devrait
être du gâteau car nous sommes en grande partie au bord du lac.
Pourtant, après 10 km. premier problème.., la route est coupée
par de gros blocs de rocher. Grâce au treuil de notre camion tout neuf
nous arrivons à traîner tout ça sur le bord. Nous roulons à une bonne allure quand j'entends mes rayons de la roue
arrière qui raisonnent comme des cordes à piano, je me retourne
et je vois un gosse d'une dizaine d'années avec un autre caillou prêt
à le lancer, coup de gueule et il se sauve. Deux rayons endommagés
!! Quelques km plus loin c'est un groupe d'ados qui ont mis des carrioles en
travers de la route, mais pas de problème ils s'amusent seulement. Nous
quittons le bord du lac pour monter doucement dans une vallée encaissée.
Encore une anecdote, après que le campement soit implanté, je
vais faire ma toilette dans le petit torrent à quelques mètres
de là et tout d'un coup j'entends parler de l'autre coté du torrent et des coups
de marteau sur de la pierre. Pourtant, je ne vois personne ! Il n'y a que de
la caillasse, pas d'arbre et une falaise verticale
à 100 m. Je
reviens au campement en méditant sur mon problème et tiens !!
voilà une personne sortie de nulle part. Après discussion avec
le guide nous apprenons qu'un groupe d'une dizaine d'hommes vivent de l'autre
coté de la route derrière une butte. Effectivement je vais voir
leur campement, ils vivent d'une façon déplorable dans une hutte
en pierre, tous hirsutes mais souriants et l'un d'eux taille la pierre pour
faire un creuset. Voilà !! d'où venait mes voix... Il y avait
un bel écho. Mais je ne suis pas du tout tranquille : dormir là...
Une femme ( c'est Françoise ) et tous ces ermites !! une longue discussion
avec le guide qui arrive à me convaincre qu'il n'y aura pas de problème.
Après quelques minutes tendues je m'endors comme à l'habitude
c'est à dire comme une masse...
Langla,
Karo la, Ralung : Et bien nous sommes toujours
là ... nos amis les ermites ne sont pas venus pendant la nuit. Nous faisons
le point avec notre guide avant de partir, le camion nous suivra toujours a
vue pour éliminer tout incident, tel les jets de cailloux par les jeunes
(peut-être seulement un jeu ?). Le début est difficile car, à
froid, nous partons en montée pour atteindre le col qui se trouve à
8 - 10 km En arrivant au col (Karo la alt. 4900m.)nous découvrons en
contrebas sur la droite un groupe de tentes avec plein de jeunes Allemands.
Ils vont faire le 7200 m. qui se trouve à côté. Encore 15
km en descente et
nous nous arrêtons pour le repas du midi. Nous sommes sur un plateau ;
derrière, nous avons ce 7200 et devant nous avons une vue panoramique,
fabuleuse. Il y a beaucoup de petits villages, mais pas un arbre, nous serions
très heureux de voir les habitants, mais ce soir nous devons être
à Ralung. A Ralung nous avons du mal à trouver un emplacement,
enfin après discussion les habitants nous prêtent l'endroit qui
sert à battre le grain. Nous sommes invités dans la 1ère
maison à l'entrée du village, c'est vraiment la maison typique.
L'entrée au RC se fait à l'opposée de la route dans une
petite cour intérieure de 4x3 m. environ, devant nous l'étable,
nous grimpons au 1er où se trouve une petite terrasse qui dessert à
droite une pièce où se trouve l'autel votif. Sur la gauche une
grande pièce qui sert pour manger et dormir.
Ralung,
Gyantsé : Grand remue ménage
à 1 h. du matin, dans la tente de notre équipe... Dans la nôtre
pas de problème, on dort... mais de grosses rafales de vent, de pluie
, de grêle secouent dangereusement la tente. C'est la tempête digne de l'Himalaya !! Dix minutes plus tard c'est notre
tour, l'eau envahit notre tente. Nous prenons toutes nos affaires et nous couchons
dans la benne du camion, l'équipe vide les tentes dans la
nuit puis vont dormir devant, dans l'habitacle du camion. A 4 h. du matin nous
sommes tous les deux réveillés, il fait très froid et pour
cause dehors il y a 10 cm. de neige, on met nos laines polaires et on n'a que
le bout du nez qui dépasse de la capuche du duvet. Lever à 6 h.
petit déj. dans le camion, au sol c'est la boue.
Nous sommes le 15 août 1995 , il fait encore très
froid bien que la neige soit fondue, nous mettons pour la 1 ère fois
des collants pour rouler. Après 3 km la route est coupée, impossible
de passer avec le camion il doit être 8 h. et heureusement 4 personnes
avec pelles et pioches essaient de faire un passage, on attend 1 h. et notre
camion peut passer tant bien que mal. Le temps s'améliore, nous passons
un village peut-être Lungma la route est complètement détruite
par l'orage de la nuit, on se croirait dans un film pendant la guerre au Japon
des hauts-parleurs au sommet des poteaux électriques diffusent une musique
nasillarde entrecoupée de paroles. Est-ce de la "formation continue",
style intox ??? Bien
que la fin du trajet soit à l'horizontale, c'est avec plaisir que nous
arrivons à l'hôtel. Eh! oui c'est l'hôtel, en attendant notre
chambre nous voyons passer plusieurs personnes avec des oreillers sous le bras
avec un tuyau et à l'extrémité un godet en plastique. Il
respire de l'oxygène, je pense qu'ils en ont besoin car ils ont le teint
jaunâtre. (Début du mal des montagnes ?)Demain jour de repos nous
visiterons la ville. Françoise va chez la coiffeuse chinoise du coin,
quel fou rire, il n'y a pas d'eau courante, mais elle ressort les cheveux lissés
comme une véritable chinoise !
Gyantsé,
Shigatsé : C'est une route
toute droite un peu en tôle ondulée. Il y a de belles fermes de
part et d'autre c'est une contrée riche. A part les 4x4 qui passent à
plus de 100 km/h.(ce n'est que la 2 ème fournée depuis notre départ)
nous roulons sans problème, avec des arrêts pour manger directement dans les champs des petits pois très sucrés
vraiment succulents ; ils sont plantés
dans l'orge et grimpent après les épis. A l'une de nos pauses
un Tibétain s'arrête, un vrai de vrai avec ses bottes en feutre
coloré, il n'est pas sur un cheval mais sur un vélo tout rouillé(
pas une tête d'épingle de peinture). Il nous sourit, connivence
de cyclistes à cyclistes , c'est difficile de se faire comprendre. Nous
lui faisons cadeau de ce que nous avons dans nos petits sacs dos (le camion
n'est pas là) et lui tout content nous donne à chacun 1 billet
de 1 Yuan , je le mets dans mon boîtier de lunettes. Maintenant
à chaque fois que j'ouvre mon boîtier je vois le billet et je pense
à lui. Nous arrivons dans l'après midi c'est un super hôtel (pour là-bas).
Le restaurant est à la mode européenne au niveau service seulement.
Pour la chambre, le 2 ème jour nous changerons car pour aller au W-C
nous prenons un parapluie. Il
y a un marché ou l'on trouve des objets neufs ou très anciens,
c'est un plaisir de chiner. J'ai acheté entre-autre un briquet, cela
ressemble à un porte monnaie avec à l'intérieur une plaque
de fer fixée au porte-monnaie dans lequel est logé un morceau
d'amadou et la pierre adéquate pour faire des étincelles. Nous
visitons le Tashilhunpo et assistons pour la 1ère fois à ces joutes
philosophiques coutumières entre séminaristes.
Shigatzé,
Sagya bridge (prés de Renda): Journée
très longue, nous sommes lessivés. Encore 3 gosses sortis de nul
part qui nous lancent des cailloux. Notre guide, camion non arrêté,
sort comme une bombe et les course. Le soir après mangé, nous
avons la visite d'une vingtaine de tibétains revenant du travail, il
fait presque nuit. Nous demandons à une femme de revenir le lendemain
matin. Nous avons un nouvel
ami, un chien genre chien de traîneau auquel on a donné à
manger. Toute
la nuit il restera coucher devant notre tente et à chaque fois qu'une
personne passe sur la route à 400 m. il trotte vers la route aboie et
revient se coucher en ronchonnant, devant de notre tente. Le lendemain matin
il a droit à une grosse ration, mais c'est bizarre on ne peut pas le
caresser, il n'est pas habitué à cela.
Sagya
bridge, New Tingri : Les journées se
suivent et se ressemblent car il y a plus de 100 km pour atteindre New Tingri.
Encore un gosse qui nous lance des cailloux, j'en ai marre, à VTT je
le rattrape à travers caillasse et gazon et lui envoie un coup de bombe
lacrymogène. Peut-être dira-t-il aux autres qu'il faut faire attention
de ne pas jeter des cailloux ? Nous couchons à l'hôtel, de toute
façon je pense que New Tingri c'est un hôtel qui ne fonctionne
que l'été. Une heure après notre arrivé vers 5 h.
nous voyons arrivé la 3 ème fournée de 4x4, au restaurant
nous n'avons pas la côte par rapport à ces great groups, enfin
nous arrivons à manger et comme souvent nous avons comme dessert ces
tomates légèrement sucrées avec des oeufs, l'ensemble cuit
ce n'est pas mauvais. Au 1 er nous avons une superbe chambre avec une baie vitrée
de 5 m. de large par 3 m. de haut avec vue sur l'Himalaya avant de nous endormir
nous resterons longtemps à contempler ce ciel étoilé avec
cette chaîne de montagnes d'un gris argenté. Le lendemain matin
nous découvrirons une salle de bain où le W-C avait du être
oublié, car entre la baignoire et le mur il doit y avoir 1 m. et bien
perpendiculaire au mur nous avons un W-C que l'on voit dans les maternelles,
il faut l'enjamber pour accéder au robinet de la baignoire, mais il n'y
a pas d'eau donc tout est résolu !!. Depuis Shigatzé nous avons
des problèmes d'eau. Chaque jour nous nous arrêtons au premier
ruisseau pour nous laver, on ne peut pas se permettre quand on fait du vélo
de rester un jour sans nettoyage haddock. Françoise n'a pas de problème,
vraiment les femmes sont résistantes, il y en a qui peuvent s'accrocher.
New
Tingri, Peruchi : Après une dizaine
de km nous quittons la route du Népal pour prendre celle qui va sur Rongbuk.
Passage au check post où notre feuille de route est pointée. Eh!
oui au Tibet nous n'utilisons pas le passeport (il doit y avoir une raison pour
que les Chinois ne veuillent pas valider un passeport). La montée commence,
ce n'est pas le plus difficile quand on a pris son "train" mais la
route est complètement défoncée sans arrêt il faut
des accélérations pour passer des tas de pierres. Françoise
abdique jusqu'au repas de midi. Elle monte dans le camion et m'attend au campement.
Étant très fatigué au repas je mange beaucoup de céréales
prises dans le container, pour passer l'après- midi avec punch. Ah oui
! je ne vous ai pas tout dit. Les repas que nous fait notre cook (Chinois marié
à une Tibétaine, prof de chinois à Lhassa très sympa,
mais aucune connaissance sur notre nourriture) sont toujours riz ou pâtes
assortis de verdures cuites dans de l'huile indigeste. Quand on lui demande
de ne faire que bouillir les aliments, il nous met quand même de l'huile.
Donc notre gestionnaire de Kathmandu qui avait anticipé sur la nourriture,
au départ de l'avion nous a donné une clef pour ce container étanche,
baril en plastique de 70 l.. C'est une caverne d'Ali Baba, d'énormes
blocs de fromages, de fruits séchés, de céréales
dans de gros sachets pour collectivité. Souvent
le soir nous demandons un grand bol de pâtes et comme il n'a pas de râpe
à fromage il nous coupe le fromage en touts petits cubes. Après
cela une ou 2 bananes séchées et on se régénère
pendant la nuit. Donc nous repartons à l'assaut de ce col. Nous croisons
un Suisse Allemand tout seul sur un petit vélo, bardé de sacs.
Chapeau!! il faut le faire. Enfin nous arrivons au col (Pang la 5200 m.), les
nuages sont bas alors nous n'avons pas droit à notre superbe vue rituelle,
mais ça n'empêche pas de crier en choeur" ki ki so so la chalo"(les
démons sont vaincus les dieux sont vainqueurs) descente difficile car
toujours dans les pierriers, mon frein arrière ne freine pas assez donc
je compense avec le frein avant et bien entendu je me prends 2 bûches
sans gravitéEnfin
la descente est terminée, en contrebas à gauche de l'autre coté
de la vallée un joli petit village typique. Sur notre gauche arrivent
des nuages, les lumières passent au violet sombre. Quelques minutes plus
tard nous essuyons un orage mémorable. Il n'est pas question de rester
dans ce canyon, il faut aller sur le plateau au plus vite. Dans ces régions
sans arbres, sans buissons et sans herbes, les orages arrachent tout sur leur
passage. Nous sommes trempés, plein de boue, ouf !! nous sommes sur du
plat, nous mettons les vélos sous le camion et on monte se protéger
le temps que ça se passe. Le soleil revient et nous repartons. 2 km après
Péruchi entre la rivière et un petit canal d'irrigation nous plantons
notre campement.
Peruchi,
Rongbuk :Journée
sans grande surprise, le chemin est plat. Après avoir passé un
monastère, la piste est en sable fin , genre dune de bord de mer. C'est
pire qu'une montée à 30 %, nous faisons 1 km. à VTT 300
m. à pied et nous abdiquons. Nous faisons 2 à 3 Km dans le camion,
jusqu'à la terre ferme. Nous prenons un chemin bordant le torrent provenant
du massif de l'Everest. Parfois, le torrent coule quelques dizaines de mètres
en dessous et sur notre gauche, à l'opposé, une belle paroi empêche
toute escapade. Pour nos VTT pas de problème, mais le camion doit anticiper,
car il est impossible à deux véhicules de se croiser. Le chemin
est rectiligne et nous conduit au très beau chorten de Rongbuk (celui
dont s'est inspiré Hergé dans "Tintin au Tibet", sans
jamais y être allé ! ). A notre arrivée, aucun bruit, on
sent une certaine plénitude, c'est un endroit vraiment propice au recueillement.
Après discussion avec le responsable du monastère, nous louons
une cellule de moine pour dormir. Nous déposons notre matériel
et comme il ne fait pas encore nuit, nous nous promenons tout en préparant
le lendemain. Après un bon repas pris dans une pièce qui sert
de cuisine et de chambre à notre équipe, nous retournons dans
notre "chambre" dans une nuit d'encre, heureusement, nous avons des
lampes électriques. Dans cette pièce sans fenêtre et sans
conduit de fumée, tout est noir. Juste à côté de
la porte un creuset en terre sert à brûler les galettes de bouse
de vache quand il fait très froid. Françoise qui n'aime pas le
noir absolu me demande de laisser la porte entr'ouverte, une pierre entre la
porte et le chambranle, nous plaçons tous nos sacs contre la porte, le
tour est joué : même avec de grosses bourrasques la porte ne s'ouvrira
pas. Dans la nuit, grand émoi ; quelqu'un tambourine à la porte
: un moine vient nous réclamer le prix de la nuitée ...qui avait
été payée par notre guide, et ça tourne à
l'altercation dans un anglais de grande cuisine ! mais, nous avons pu mesurer
là encore, combien les moines sont "stressés", car très
surveillés par les autorités chinoises.
Rongbuk
Camp de base de l'Everest : Quand
nous sommes arrivés hier après-midi le temps était gris
et l'Everest se cachait, mais ce matin...grand ciel bleu et tout au bout de
la vallée, l'Everest
est au rendez-vous. Après un petit déj. pris très vite,
c'est la séance photo. Autour du mur entourant le monastère, de
nombreux pélerins tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre
avec leur moulin à prières et leur chapelet. Un ermite vraiment
typique est là, je m'approche et lui fais signe pour lui demander son
accord pour une photo, il acquiesse par un hochement de tête (pas tout
à fait le même que celui des Européens) et juste après
le bruit de l'appareil il a un mouvement de recul comme si je lui avais pris
quelque chose. Oui ! même en faisant très attention on peut remarquer
que ces personnes ont une sensibilité qui nous est étrangère.
En effet les autochtones de l'Himalaya ont l'impression qu'on leur vole leur âme en les prenant en photo. Nous décidons
d'aller au camp de base de l'Everest à pied (on aurait pu le faire à
VTT), sous ce beau soleil, la ballade est merveilleuse le long du torrent et
sur ce chemin bordé de maints petits édifices votifs. Stupeur
quand nous arrivons à 300 m. du refuge, nous voyons le drapeau rouge
flottant fièrement, un homme en kaki sur le pas de la porte, quelques
tentes sont en dessous du refuge. Et bien nous n'irons pas au camp de base,
nous bifurquons et quelques centaines de mètres plus loin nous prenons
notre repas sur une moraine, face à l'Everest. En revenant nous prenons
de l'eau à une source qui porte-bonheur (d'après notre guide)
; elle est vraiment fraîche et c'est la première fois depuis notre
arrivée dans l'Himalaya que nous buvons de l'eau non bouillie. L'après-midi
se passera au monastère qui est en totale rénovation. Tous les
corps de métiers sont là (ils ne connaissent pas le béton)
et c'est avec plaisir que nous allons d'un groupe à l'autre voir leur
travail. Ils sont tous gais et très appliqués.
Rongbuk,
Main Road (10 km après Tingri): Et bien nous revenons sur nos "pas",
car le chemin de Rongbuk à Tingri est coupé, en passant à
Péruchi nous nous arrêtons dans une école où Françoise
donne quelques kilos de feutres et crayons de toutes sortes, comme à l'habitude nous sommes
très bien reçus. Lors de cet arrêt deux jeunes filles montent
dans le camion avec leur baluchon ,l'une d'entre elles pleure car elle vient
de quitter sa famille . On repart sur le chemin se dirigeant vers le col. Nous
nous arrêtons le midi pour manger au bas du col où nous avons essuyé
un bel orage à l'aller. Comme à l'habitude nous sommes entourés
par des enfants venus de nulle part. Nous repartons avec un temps très
lourd, presque orageux. Le camion ne suit plus, nous revenons, petit problème,
le camion a les 2 roues avant enfoncées dans le lit asséché
d'un torrent. C'est du sable gris humide, plus le chauffeur essaie de sortir,
plus les 2 roues s'enfoncent. Nous sommes à l'essieu, le temps s'assombrit.
Il faut résoudre le problème très vite. Je ne sais plus
qui à eu l'idée en premier, le guide ou moi ("toi",
dit Françoise). Pendant ce temps là, incognito, Françoise
avait préparé de l'autre coté du torrent un sac de "survi"
tant l'orage était menaçant. Mais nous commençons à
creuser à coté de la roue, nous mettons une grosse plaque de pierre
au fond (il y a de l'eau à ce niveau), le crick en position sur la pierre
en appui sur le moyeu, la pierre s'enfonce, nous remettons une 2 ème
pierre par dessus l'autre et recrick. Super ! la roue monte, on creuse un peu
sous le pneu nous mettons des cailloux, recailloux sous le crick. Ainsi de suite
sur les 2 roues et nous remontons les 30 cm. Le camion roule très doucement,
les cailloux s'enfoncent. Ouf !! Les roues avant sont sorties du lit du torrent.
Nous arrivons à la partie du chemin où j'ai pris des bûches
en venant. C'est impossible à monter en VTT, nous montons dans le camion
qui doucement en 1 ère nous amènera presque au col. Au col nous
attendons tout le monde, car les jeunes filles feront leurs prières en
jetant des grains d'orge sur le chorten. La descente est super, passage au check
post et nous retrouvons la route de Kathmandu. La
route est plate, il fait beau. Avec le vent dans le dos nous roulons à
vive allure. Nous nous arrêtons à Tingri qui est vraiment un petit
village, 10 km encore et c'est le repos bien mérité. En nous promenant
aux alentours, sur une butte à 1 km de notre campement nous entendons
des bouillonnements, nous grimpons et voyons de l'eau tiède sulfureuse
qui sort d'une fissure, c'est pas mal à 4500 d'altitude. Nous en parlons
à notre guide, qui nous montre sur la droite une autre butte et nous
indique "une station thermale", je profite du groupe électrogène
de cet établissement pour recharger les 2 batteries de mon camescope.
Main Road,
15 km avant Lalug leh (entre les 2 cols) :Aprés le petit déj.
je grimpe au therme. Il y a 2 bacs taillés dans la roche, un de 5x3m.
prof. 1m. où une femme est entrain de faire sa cure. L'autre à
coté dans le prolongement du 1er fait environ 3x3m., entre les deux il
y a un système d'arrivée et d'écoulement. L'ensemble se
trouve entourré d'un batiment avec plein de petites portes qui donnent
coté bains(comme dans une piscine). Les pièces sont toutes petites
2x3m., pendant la période de leur cure les personnes se font à
manger, dorment dans ces petites piéces. Je me lave dans la partie centrale et c'est bon de se razer avec de l'eau chaude.
Nous prenons les vélos trés tôt ,la route est longue, nous
nous arrêtons pour le repas en haut d'un col, il fait froid, il tombe
de la neige fondue. Nous descendons depuis 10 km à vive allure quand
dévale sur Françoise un énorme chien noir, elle est devant
moi à une trentaine de mêtre et n'a rien vu. J'envoie un coup de
gueule trés fort, la bête s'arrête pile. Le temps qu'elle
redémarre sur Françoise et je suis passé . Je double Françoise
qui entendant se bruit à freinée, je lui dit d'accélérer,
heureusement nous sommes en descente. Le chien fait 50 m. derrière et
s'arrête. Je ne saurait jamais si il voulait seulement s'amuser ou prendre
un bout de mollet à Françoise. La montée est longue, nous
arrivons à l'entre 2 cols (+ de 5000) à l'orée de la nuit.
Nous mangeons 2 rations de pâtes au fromages et un bol de céréale
dans du lait chaud (en poudre bien sur). Nous nous endormons comme des masses(je
n'ai même pas de réveil intempestif pour reprendre ma respiration,
ce qui arrive souvent en haute altitude).
Entre les
2 cols, Zhangmu : C'est
dur d'appuyer sur les pédales, démarrer en montée et à
cette altitude ! Enfin nous sommes au col. A nous la grande descente (5300 à
500 m. au Népal). Un minibus est arrêté avec une quinzaine
de personnes assises un peu partout. Grande discussion et notre guide embarque
tout le monde à l'arrière du camion(le minibus n'est pas prêt
d'être réparé). La descente est vraiment superbe et quel choc quand nous arrivons dans les parties verdoyantes. Depuis
3 semaines nous étions habitués à ne voir que du minéral.
Le camion s'arrête et pour cause, la route est coupée . Un Népalais
scrute la pente où nous devons passer, au coup de sifflet les porteurs
passent en courant car la terre et des blocs de rocher tombent continuellement.
Nous, nous avons de la chance, nous n'avons que nous à nous occuper. Nous couchons cette
nuit au 6ème sous sol, cet hôtel "accroché" sur
le flanc de la montagne est vraiment particulier. Nous n'avons pas le moral
dans cet ensemble semi-commercial et surtout nous sentons la fin de notre périple.
Zhangmu,
Kodari, Kathmandu: Au petit matin, passage de la frontière sans encombre, traversée
du pont de l'Amitié et là attente, notre moyen de transport n'est
pas là ... la route est encore coupée, nous partons à vélo
et nos affaires seront convoyées par un bus. Traversée de la partie
coupée sans encombre, la terre ne glisse pas. Nous récupérons
une petite camionnette qui nous amènera à Kathmandu de nuit. C'est
vraiment à faire la traversée de ces petits villages très
calmes dans la douceur du mois d'août avec ces petites maisons éclairées
à la bougie. ......